La colère fait partie du chemin de libération


« La vérité vous rendra libre, mais d’abord elle vous rendra furieux.se » (Gloria Steinem)

 

Cette phrase de Gloria Steinem, journaliste, écrivaine et grande figure du féminisme américain résonne puissamment pour toutes celles et ceux qui s’engagent sur un chemin de libération. 

 

Quand je travaille avec des femmes qui ont décidé d’écrire leur histoire, il y a presque toujours ce moment où le doute revient. Et avec le doute... la colère.

 

« Suis-je légitime pour écrire cette histoire ? Pourquoi ? Pour qui ? »

 

Ces questions surgissent quand la parole, trop longtemps contenue, commence à se délier.

 

Car écrire son histoire, surtout quand on a été victime de violences physiques, psychologiques ou sexuelles, c’est toucher à des zones longtemps tues, refoulées, niées. Alors la colère revient.

 

Celle qu’on avait enfouie pour survivre.

Celle qu’on avait anesthésiée pour ne pas déranger. 

Celle qu’on avait cachée parce qu’on nous avait appris qu’une « bonne fille » ne se mettait pas en colère.

 

Et pourtant cette colère-là est saine.

C’est un sas. Une énergie de vie qui cherche à remonter à la surface pour être enfin vue, entendue, reconnue.

Il ne s’agit pas de la faire taire, ni de la craindre mais de l’apprivoiser, l’écouter et même l’aimer.

 

Une mémoire collective refoulée

Depuis des siècles la colère des femmes dérange.

On a enfermé les femmes en colère.

On les a lobotomisées.

On les a traitées d’hystériques.

On les a brûlées sur des bûchers.

 

Dans « Le Deuxième Sexe » Simone de Beauvoir écrivait :

« La femme n’a pas seulement été la servante du foyer, elle a aussi été celle qui a supporté les douleurs de l’existence quotidienne, un fardeau souvent invisible et négligé ».

 

Cette mémoire du refoulement et du sacrifice habite encore nos corps.

Mais quelque chose change.

Une génération de femmes ose désormais regarder la colère autrement : non comme un danger, un problème à régler, mais comme une clé.

 

Dans le livre « le visage de nos colères » Sophie Galabru, philosophe, explore ces héritages féminins et la manière dont la colère peut devenir une force d’émancipation.

 

Claire Guillon-Delmas, qui a dépassé la soixantaine quand elle écrit son excellent récit polyphonique « Une femme qui va bien » s’adresse à toutes celles qui décident de reprendre leur pouvoir et de se remettre debout. Elle parle et se libère pour celles qui ne parlent pas.

 

Et comment ne pas trembler de colère quand on pense à la chanson d’Anne Sylvestre « C’est juste une femme » écrite après l’affairer DSK :

 

« Il y peut rien si ça l’excite ;

Et qu’est-ce qu’elle a, cette hypocrite ;

Elle devrait être flattée ;

Qu’on s’intéresse à sa beauté... »

 

Bien sûr qu’on tremble de colère en écoutant ces mots.

Et cette colère-là n’est pas à étouffer : elle est le feu qui réveille !

 

La colère : une énergie de vie

La colère est une énergie de feu.

Elle brûle ce qui doit l’être : les mensonges, les chaînes, les compromis trop lourds.

Derrière elle se trouve la vie libre : celle qui renaît au-delà de la peur, du contrôle, de l’abus et de l’enfermement.

Nos émotions, lorsqu’elles n’ont pas pu s’exprimer, s’impriment dans le corps.

Elles s’y logent, s’y contractent.

 

C’est pourquoi dans mes accompagnements, je propose aussi un travail de libération émotionnelle par le corps : accueil, respiration consciente, écoute sensible du ressenti.

Parce qu’on ne se libère pas seulement par les mots mais aussi par le corps.

 

Transformer la colère en mouvement

Accueillir la colère c’est faire de la place à soi. 

C’est dire « stop » à ce qui oppresse ; « oui » à ce qui est juste.

C’est cesser de subir pour commencer à choisir.

 

La colère peut alors devenir un moteur de transformation : une énergie qui éclaire, qui alimente la créativité, qui soutient l’action juste.

 

C’est une étape nécessaire vers la liberté intérieure.

 

Et chaque femme qui ose regarder sa colère en face, qui la comprend, qui la transforme, libère bien plus qu’elle-même :

 

Elle libère le collectif.

 

Et vous ? Avez-vous déjà ressenti cette colère qui brûle pour mieux révéler ?

Comment la laissez-vous s’exprimer, se transformer, se dire ?


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