Pendant une période de ma vie j’adorais lire les « cancans » des stars.
Paris Match, Gala et parfois même Voici.
Oui je sais. J’ai « presque » encore un peu honte.
Quoique.
La honte au fil de mon processus d’écriture j’ai appris à y faire face et, peu à peu, à l’intégrer.
Je sais qu’elle fera toujours partie de ma signature, de mes blessures anciennes et c’est très bien comme ça.
J’ai appris à l’aimer, ma honte, et j’apprends à m’aimer avec elle.
Mais revenons à nos moutons...
Je crois qu’on a tous et toutes ce côté voyeur, langue de vipère, jaloux, envieux avec des peurs et cet ego près à réagir, à avoir des avis sur tous et sur tout.
On a tous ce côté sombre car nous sommes tous des adultes qui portons des blessures d’enfance (abandon, rejet, humiliation, injustice, trahison) et des traumas à des degrés différents bien sûr.
Bel exemple hier au moment du déjeuner dans un café strasbourgeois.
A la table juste à côté de moi se trouve un groupe d’amis (3 hommes et 2 femmes entre 50 et 60 ans) qui visiblement se connaissent bien et depuis longtemps. Impossible de ne pas les entendre parler, ils hurlent et pouffent de rire toutes les 2 minutes.
Je passe 30 minutes (le temps de manger ma quiche et ma salade) à les entendre – enfin surtout le leader du groupe – casser du sucre sur le dos de connaissances communes.
« De toute façon X est un vrai con, il se fait mater par sa femme depuis 20 ans... »
« Et ne parlons pas de Y qui vient de s’acheter une Lamborghini juste pour sauter tout ce qui bouge... »
« Et t’as vu le coup de vieux qu’a pris Z ces derniers mois ? »
J’en passe et des meilleures, la liste est trop longue.
Le magazine VOICI en live à l’heure du déjeuner.
J’ai presque un peu pitié. Et je me dis que ça vient de loin ce penchant de préférer commenter la vie des autres plutôt que de chercher à comprendre la sienne. C’est souvent sociétal et familial.
Et finalement si on y réfléchit bien, c’est aussi ce que fait BFMTV tous les soirs, non ?
Commenter la vie des autres et nous dire ce qu’il est bon de croire, faire, dire ou ne pas dire.
Je sais pourquoi je ne regarde quasiment plus les infos.
A moins d’avoir grandi dans une famille ou un milieu qui nous a appris à penser par nous-même et à valoriser celle ou celui que nous sommes, il est difficile de porter son regard sur soi-même. Commenter la vie des autres est un conditionnement, une solution de facilité, un subterfuge pour ne pas voir la misère et le côté sombre de la nôtre.
Boris Cyrulnik parle de « pensée paresseuse ».
Grandir c’est remettre nos conditionnements en question.
Bien sûr la première étape est déjà d’avoir conscience que nos comportements sont liés à des apprentissages et des habitudes et qu’ils ne sont pas « naturels ».
Nous reproduisons ce que nous avons vu, entendu, appris.
Je me souviens que moi aussi, j’ai longtemps joué à ce jeu-là.
Si je repars loin dans le passé, je me souviens qu’avec des copines étudiantes lorsque nous avions des profs absents, un de nos passe-temps préféré était de nous installer sur une terrasse de café et de faire des commentaires sur les passants : coupe de cheveux, vêtements, dégaine. Tout y passait.
On rigolait bien.
Les gens qui ont cette habitude sont faciles à reconnaître.
La première question qu’ils vous posent en vous rencontrant est « tiens, tu as changé de coupe de cheveux ? » ou « tu as de nouvelles boucles d’oreilles ou un nouveau sac ? ».
L’échange reste basé sur le paraître, l’image ou le « faire ».
La profondeur est absente dans les échanges et les émotions sont fuient.
Comprendre ce schéma et s’en libérer peut prendre du temps car nous avons souvent basé toute notre vie sur ces conditionnements précoces : image et paraître.
J’ai mis du temps à comprendre à quel point l’injonction parentale inconsciente à « devenir quelqu’un et à réussir sa vie » selon leur vision du monde, leurs propres peurs et leurs conditionnements, avait pesé sur la mienne.
Grandir passe par comprendre et désobéir.
Pour moi ça a commencé à la quarantaine.
Grandir c’est revenir dans le passé et se poser des questions.
Aller à la rencontre de cette petite fille ou de ce petit garçon qui a tenté inconsciemment, parfois pendant des décennies de coller aux attentes parentales et/ou sociétales afin de continuer à être aimé.e, intégré.e au groupe, vu.e d’une certaine façon.
Il est important de rappeler que l’être humain est un animal social qui, les premières années de sa vie, a besoin du groupe pour survivre. En grandissant, il « croit » que c’est encore nécessaire (voir le TedX de François le Doze ci-dessous)
Grandir c’est comprendre et accepter.
Grandir c’est comprendre et accepter qu’en désobéissant on prend le risque d’être exclu du groupe et qu’être exclu, dans certains cas, participe à notre envol et à notre guérison.
(Je vous conseille d’écouter l’histoire de Jonathan Livingston le goéland, lien ci-dessous ou de regarder le film si vous le trouvez).
Grandir c’est questionner nos croyances.
Est-ce vraiment moi qui pense que « le travail c’est la santé » ?
« Travailler plus pour gagner plus » ça me parle vraiment ou pas ?
Est-ce que je pense que pour être heureux il faut être : marié, propriétaire de sa maison, avoir 2 enfants, une piscine et un chien ou est-ce que mon rêve c’est de partir à l’aventure et de faire le tour du monde en Van pendant 10 ans ?
Et d’ailleurs, qu’est-ce que « réussir sa vie » pour moi ?
Quelles sont les personnes que j’admire ?
Quelles sont les valeurs qu’elles incarnent ?
Qu’est ce qui me met vraiment en joie ?
Qu’est ce qui m’éteint ?
Qu’est ce qui est « non négociable » pour moi ?
Ce sont mes lectures, l’écriture, la compréhension de mon fonctionnement, les rencontres avec des personnes inspirantes, atypiques, qui m’ont aidé au fil des années à me (re)connaître dans ma vérité et à prendre des virages à 360°.
Grandir c’est aussi questionner ses peurs.
Qu’est ce qui m’empêche encore aujourd’hui de quitter cet emploi qui me mine depuis tant années ?
Qu’est ce qui me contraint à accumuler et à travailler toujours plus ?
Qu’est ce qui m’empêche de vivre la vie de mes rêves ?
A cette question beaucoup de personnes vont répondre : l’argent.
C’est souvent un leurre.
De nombreuses études ont été menées dans ce sens-là.
Celle des économistes Daniel Kahneman et Angus Deaton a montré que le bien-être émotionnel des individus augmente effectivement avec leur revenu mais seulement jusqu’à 75000 $ par an (aux Etats-Unis). Au-delà de ce seuil, davantage d’argent n’améliore pas le bonheur quotidien.
Une autre théorie soutenue par des recherches en psychologie démontre que les êtres humains s’adaptent rapidement aux changements positifs, y compris à une augmentation de leur revenu. Un gain d’argent peut apporter un plaisir temporaire, mais les individus reviennent généralement à un niveau de base après un certain temps, peu importe les sommes accumulées.
En d’autres termes, les besoins matériels sont comblés, mais les aspirations psychologiques ne sont pas satisfaites par l’argent.
Et tout le monde bien sûr a déjà entendu parler de ces gagnants du Loto qui ont fini ruinés ou malheureux.
Alors « il est où le bonheur, il est où » ? comme le chantait Christophe Maé.
Et si le bonheur était dans le chaos ?
Le chaos peut faire peur bien sûr. Et pourtant...
J’ai lu récemment « Les périodes de grandes difficultés sont les périodes qui révèlent les gens. »
C’est vrai.
Ces périodes-là, nous révèlent aux autres et nous révèlent à nous-mêmes.
L’effondrement de ma vie extérieure et de « l’image parfaite » que j’avais mis tant d’années à construire m’a permis d’avoir le courage d’écrire mon livre « Écoutez-moi ! ».
Un courage qui m’a permis de me révéler, de fixer des limites – non pas par agressivité ou rigidité – mais par amour pour moi-même et respect de moi.
Et toute libération commence toujours dans son propre cœur.
L’effondrement m’a permis de retrouver ma vérité, mon centre, mon authenticité, d’être en phase avec des valeurs essentielles pour moi : engagement, respect, liberté, partage, amour, justice, paix.
Oui ce « Big Bang intérieur » fait voler en éclats un bon nombre de peurs et de croyances.
C’est bien de le savoir, d’y être préparé.e et sans aucun doute, accompagné.e.
J’ai aussi découvert à cette occasion que le chaos n’est souvent qu’une forme d’ordre que nous ne pouvons pas immédiatement comprendre.
La théorie du chaos telle que définie dans les sciences physiques et mathématiques montre que des systèmes qui semblent complètement chaotiques et imprévisibles (effet papillon, fractales) obéissent en réalité à des lois sous-jacentes et à un ordre caché.
Mais qu’est ce qui serait donc « caché derrière » le chaos pour reprendre cette fois le titre d’une chanson que j’adore de Laurent Voulzy ?
Ce sera l’objet d’un autre écho inspirant.
En attendant, pour terminer celui-ci, je vous partage ces mots d’Alejandro Jodorowksy qui résonnent et vibrent en moi.
Sous chaque “maladie” se trouve l’interdiction de faire quelque chose que nous désirons ou l’ordre de faire quelque chose que nous ne désirons pas.
Toute guérison exige la désobéissance à cet interdit ou à cet ordre. Et pour désobéir, il faut se débarrasser de la peur enfantine de ne plus être aimé, c’est à dire abandonné.
Cette peur entraîne un manque de conscience.
Celui qui en est affecté n’a pas conscience de ce qu’il est vraiment, car il essaye d’être ce que les autres attendent qu’il soit. S’il persiste dans cette attitude, il transforme sa beauté intime en maladie.
La santé ne se trouve que dans l’authenticité.
Pour parvenir à ce que nous sommes, il faut éliminer ce que nous ne sommes pas.
Le plus grand bonheur, c’est d’être ce que l’on est.
Et toi ?
Qui es-tu derrière tes masques et ton image lisse ?
Et quel message veux-tu partager avec le monde ?
On écrit ensemble ?
Pour aller plus loin :
Visionner le TedX de François le Doze sur les différentes parties qui sont encore à l’œuvre en nous à l’âge adulte « on croit qu’on a des problèmes »
https://www.youtube.com/watch?v=TaYHnySffh8
Ecouter le livre audio « Jonathan Livingston le goéland »
https://www.youtube.com/watch?v=5VkKWNtC22c