J’admire les gens qui prennent des risques pour oser vivre leur vie et leurs rêves.
J’aime les blessés de la vie, celles et ceux qui au cœur même de leurs guerres intérieures entendent un appel et ont le courage de le suivre.
C’est ce que j’ai découvert cette semaine en allant voir le biopic sur la vie de Lee Miller interprétée à l’écran par Kate Winslet.
Un article du Point, titre : « Kate Winslet, classe tous risques »
Si vous allez le voir, vous verrez que sa « classe » ne provient pas des tenues vestimentaires qu’elle porte même si elle a été mannequin au début de sa carrière. Sa classe provient des valeurs qu’elle incarne et de son engagement.
« Ce film a pris neuf ans de ma vie, mais j'ai réussi à le faire. » dit Kate Winslet.
Une course d'obstacles gagnée par Kate Winslet, 48 ans, productrice et tête d'affiche du film d'Ellen Kuras qui évoque le parcours exceptionnel de ce mannequin américain devenu reporter photographe pendant la Seconde Guerre mondiale et qui laisse derrière elle un trésor argentique.
L’article continue : « Lee n’est pas un biopic classique, mais le portrait sensible d'Elizabeth
« Lee » Miller, née le 23 avril 1907 à Poughkeepsie (État de New York), égérie de Man Ray, actrice pour Cocteau, proche des surréalistes et qui délaisse sa vie confortable pour rejoindre les troupes américaines en France et en Europe. Rolleiflex en main, elle livre au Vogue britannique ses clichés en noir et blanc sur la libération de Paris, le siège de Saint-Malo et ses bombardements sur les civils, la découverte de Dachau ».
Ses photographies dont celles de deux soldats ouvrant en pleine clarté un camion rempli de cadavres entassés sont les premières à révéler l’horreur des camps.
Une autre photographie célèbre la montre – nue et pudique - prenant un bain dans la baignoire personnelle d’Hitler, un portrait de ce dernier à ses côtés.
L’article du Point continue : « Pour incarner ce personnage anticonventionnel, porté par le goût du risque et le sens de l'engagement, l'actrice joue la carte du réalisme brutal.
Spontanée, sans fard, elle porte le film sur ses épaules et nous embarque dans le tourbillon d'une vie hors normes. »
Je verse des larmes à plusieurs reprises au cours du film.
Moi aussi j’aime la spontanéité et le « sans fard ».
Je me reconnais dans, sa colère mais aussi dans sa grande force, son courage et sa capacité à envoyer balader les conventions de son époque. Celles notamment liées à son statut de « femme » dans un monde noyé par la mysoginie.
Elle y va Lee.
Elle enfonce des portes fermées.
Elle n’a pas peur ou sans doute qu’elle a peur mais elle y va quand même.
On découvre au fil de l’histoire ses propres guerres intérieures. Certaines dont elle aura bien du mal à se défaire et qu’elle mène, sans le savoir, depuis l’enfance. A l’époque on ne connaît pas encore les conséquences du trauma et le stress post traumatique. Je ne vous spoile pas tout le film. Je vous laisse les découvrir en allant le voir.
Touchant. Émouvant. Inspirant.
Moi, à la différence de Lee, j’ai longtemps rêvé ma vie au lieu de la vivre.
De nombreuses victimes de traumas sexuels vivent de cette façon-là.
Fuir dans le rêve nous évite d’ouvrir les vieux dossiers et de devoir faire face au douloureux.
C’est stratégique. On croit qu’on va moins souffrir.
Trop sensible, trop impulsive, trop timide.
Ou alors pas assez courageuse, pas assez structurée.
Je me baladais entre les « trop » et les « pas assez ».
J’ai longtemps cherché à dépasser ces peurs et ces manques par le biais de lectures, de thérapies, de formations.
La mentalisation à outrance et le besoin de comprendre et de mettre du sens sur les choses, parfois jusqu’à l’overdose, me rassurait.
La métaphore n’est pas anodine. Ça peut être addictif.
C’est indéniable (se) comprendre et se connaître est important.
Mais c’est un puits sans fond.
Le puits sans fond du développement personnel.
Stop.
Arrêtez tout ça.
Ça épuise au fil des années.
Pour vivre ses rêves, il faut s’engager et passer à l’action.
Elle a raison « Lee ».
Son « lève-toi et marche » vient des tripes et du cœur. Pas de la tête.
La tête ce sont les histoires qu’on se raconte sur soi et sur les autres.
L’action éclairée c’est ce pour quoi on est prêt à mourir.
Ça vient de l’âme et du cœur.
Quand je prends la décision d’écrire mon livre je n’ai pas encore vraiment conscience à quel point je vais me confronter avec mes peurs les plus profondes et pourtant j’y vais car je ressens que ce n’est plus négociable. L’appel vient de loin.
Quand je prends la décision d’écrire, je n’ai pas encore conscience à quel point je me réaligne avec mes valeurs les plus fortes : liberté, authenticité, justice, engagement, spiritualité.
L’action juste vient en premier.
Il y a une réplique dans le film qui m’a interpellée.
Lee qui est en équipe en 1944 avec David Sherman, photographe du magazine Life, suit la 83e division depuis le débarquement en France. Elle se retrouve sous les bombes qui pleuvent. Elle transmet ses photos au magazine Vogue et les accompagne d’un petit texte. Mais elle n’est pas journaliste et doute de sa capacité à écrire correctement.
David Sherman lui dit alors :
« Occupe-toi de l’authenticité, la qualité viendra par la suite ».
Il avait raison David.
Agir à partir de ce que nous sommes au plus profond de nous, change tout.
Je termine cet “écho inspirant” avec une phrase de René Char qui nous dit “Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s'habitueront".
Comme lui je crois que la témérité, l’audace, le libre arbitre, parfois contre vents et marées, voire à contre-courant sont la base d’une vie riche, qui a du sens.
Bien sûr, ça peut prendre du temps mais toutes les belles et bonnes choses en prennent non ?
Photo : © Lee Miller Archives, England 2015