S'aimer n'est pas être égoïste


Pourquoi confond-on si souvent amour de soi et égoïsme ?

Depuis l’enfance, on nous a souvent appris qu’il fallait penser aux autres avant soi. Que s’occuper de soi, c’était être égoïste. À la maison, à l’école, plus tard au travail, la consigne implicite est la même : ne fais pas trop de bruit, ne dérange pas, occupe-toi des autres. Nous avons confondu l’altruisme avec l’oubli de soi.

 

Avec le temps, cela crée un décalage profond entre ce que nous croyons être et ce que nous sommes réellement. Nous avons appris un mode d’emploi qui nous pousse à camoufler notre moi intime, à nous cacher derrière une personnalité de façade.

En thérapie, je le constate chaque jour. Beaucoup viennent consulter pour un manque de confiance, des addictions, des dépressions, des crises dans leur couple. Rarement ils disent d’emblée : « Je viens parce que je ne m’aime pas, parce que je ne sais pas qui je suis ni ce que je désire. » Et pourtant, tout est souvent là.

La société moderne nourrit cette confusion. Elle valorise la performance, le paraître, le don de soi à des causes qui ne sont pas toujours les nôtres. Penser à soi, c’est suspect. On nous soupçonne vite d’être individualistes, alors qu’en réalité, nous sommes surtout de moins en moins autonomes, soumis à des diktats extérieurs.

 

Ce que signifie réellement s’aimer

S’aimer, ce n’est pas faire passer ses caprices avant tout ni utiliser les autres pour sa propre satisfaction. L’égoïste est celui qui prend sans jamais considérer l’autre. Celui qui s’aime véritablement, lui, se respecte et respecte aussi les autres.

 

« Celui qui se connaît est invincible. » — Lao Tseu

 

Apprendre à s’aimer, c’est d’abord apprendre à se connaître. C’est aller regarder ce qui nous fait vibrer, ce qui nous effraie, où se trouvent nos failles et nos forces. C’est oser admettre nos zones d’ombre, nos blessures, sans complaisance mais avec tendresse.

C’est aussi s’écouter : de quoi avons-nous besoin ? Qu’est-ce qui nous nourrit vraiment, physiquement, émotionnellement, spirituellement ? Tant que nous restons coupés de nous-mêmes, nous vivons une vie décalée, souvent en pilotage automatique. Nous pouvons accumuler les succès aux yeux du monde et pourtant nous sentir désespérément vides.

Certaines circonstances nous révèlent soudain à nous-mêmes. Pour ma part, l’écriture de mon livre Écoutez-moi ! a mis en lumière ma part courageuse, celle qui a soif de vérité, d’authenticité — sans oublier celle qui cherche l’absolu et la spiritualité. Mon livre est finalement plus un récit initiatique qu’un simple témoignage d’ancienne victime d’abus sexuels.

 

« L’obscurité ne chasse pas l’obscurité, seule la lumière le peut. »

Martin Luther King

 

Quand la négligence de soi devient sabotage

Parfois, la négligence de soi va jusqu’à devenir une forme de sabotage. Certains disent : « Je n’ai pas eu de chance, je ne suis pas doué, je suis né sous une mauvaise étoile. » Ils ne voient pas qu’ils vont d’échec en échec parce qu’ils ne se connaissent pas, parce qu’ils ne s’aiment pas et ne se sont jamais vraiment rencontrés.

Nous ne sommes pas des victimes perpétuelles de notre passé. Nous sommes des êtres puissants, capables d’agir sur ce qui se passe autour de nous.

 

La résistance d’aimer qui on devient

Apprendre à s’aimer n’est pas facile. Cela signifie souvent réagir différemment par rapport à ce que nous étions. Ce changement peut être déstabilisant pour notre entourage.

Accepter le rejet fait parfois partie du chemin de guérison et de reconstruction. Être dans une relation — amicale, de couple ou familiale — ne devrait pas empêcher chacun d’évoluer pleinement. Au contraire.

S’aimer, c’est devenir peu à peu un ami pour soi-même. Savoir se consoler, se féliciter, se motiver. Ne pas attendre tout de l’autre ou du regard social. C’est cesser de se maltraiter, de s’auto-flageller, pour avancer avec plus de douceur.

Même les Évangiles nous le rappellent : « Aime ton prochain comme toi-même. » Mais on oublie trop souvent le « comme toi-même ».

 

L’écriture, un chemin pour distinguer amour de soi et égoïsme

Pourquoi l’écriture est-elle si puissante pour apprendre à s’aimer ? Parce qu’elle nous oblige à ralentir, à décortiquer ce que nous vivons. Lorsqu’on prend le temps de mettre des mots sur notre histoire, on découvre où nous avons accepté l’inacceptable, où nous nous sommes oubliés, où nous avons porté un masque.

 

« Écrire, c’est hurler sans bruit. » — Marguerite Duras

 

Pour moi, l’écriture a été une rupture claire avec mon moi d’avant. J’ai parfois eu la sensation de plonger dans l’inconnu, d’être dans un No Man’s Land. Et pourtant, l’écriture et la connaissance de moi m’ont permis d’aller voir cette faille narcissique présente depuis mon enfance, faille qui s'est transformé en gouffre après les abus sexuels.

Écrire, c’est un acte de vérité. Cela met en lumière nos contradictions, nos désirs profonds, nos blessures anciennes. Cela nous permet de distinguer ce qui nous appartient vraiment de ce qui nous a été imposé. Ainsi, on s’aperçoit qu’en s’aimant mieux, on est plus sincère avec les autres. On n’a plus besoin d’eux pour combler nos vides ou valider notre valeur.

 

S’aimer, ce n’est pas construire un mur

S’aimer, ce n’est pas dresser un mur protecteur autour de soi. C’est bâtir un socle solide, sur lequel on peut accueillir l’autre, ou au contraire s’en éloigner, sans crainte de se perdre.

Loin d’être égoïste, c’est l’attitude la plus responsable et la plus ouverte qui soit. Car plus nous nous connaissons, plus nous pouvons aimer l’autre sans l’utiliser, sans nous effacer.

Et l’écriture peut être l’un des plus beaux outils pour cheminer vers cet amour-là.

Alors…


 Et si vous commenciez aujourd’hui ?


Prenez un carnet. Écrivez ce qui vous réjouit, ce qui vous pèse, ce qui vous fait peur.


Écrivez pour vous rencontrer, pour explorer vos ombres et vos élans.

Écrivez pour vous aimer, pas pour être parfait, mais pour être vrai.

 

Et si vous sentez qu’il est temps d’aller plus loin — pour écrire votre histoire, la transmettre, la partager, je serai honorée de vous accompagner sur ce chemin. Ensemble, nous pouvons faire de cette écriture un acte d’amour puissant envers vous-même.

 

Sylvie

 

Photo prise au concert de Cindy Lauper le 28 février 2025 à Paris : “Girls just want to have fundamental rights” est le nom de la fondation qu’elle a créé.

Cindy est une engagée de longue date bien sûr.

Vive les femmes qui s'engagent et font bouger les lignes et vive les hommes qui les soutiennent.

On avance ensemble.

 


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