Au-delà du trauma : retrouver sa présence et sa vraie nature

« Le traumatisme n’est pas ce qui nous arrive, mais ce qui se passe en nous en réponse à ce qui nous est arrivé. » - Dr Gabor Maté
Le trauma est une force invisible mais omniprésente. Il façonne silencieusement notre manière d’aimer, de réagir, de créer des liens, de percevoir la vie et parfois même de nous définir. Il est la racine de nombreuses souffrances : anxiété, colère inexpliquée, perte de sens, isolement affectif, sentiment d’étrangeté ou de vide. Et pourtant, une vérité fondamentale subsiste : nous ne sommes pas nos traumas.
Comprendre le trauma est une étape essentielle. Mais guérir véritablement nécessite un chemin plus vaste : celui qui intègre le corps, mais aussi l’âme. Et sur ce chemin, l’écriture peut devenir un pont puissant entre passé et présence, entre blessure et conscience.
Comprendre le trauma : un mécanisme de survie, pas une faiblesse
Le mot "trauma" vient du grec et signifie "blessure". Il ne s'agit pas uniquement de blessures physiques, mais de blessures émotionnelles et psychiques profondes.
Comme le rappelle Gabor Maté, le traumatisme n’est pas seulement l’événement douloureux en lui-même, mais la rupture intérieure qu’il provoque : une déconnexion d’avec soi-même. On cesse de se sentir en sécurité, en lien, en confiance. On développe alors des stratégies de protection – fuites, luttes, figements – qui deviennent peu à peu notre manière d’être au monde.
Une personne traumatisée n’a souvent pas pu fuir ni combattre. Elle a “gelé”, s’est dissociée. Ces zones gelées dans notre système nerveux deviennent des poches d’inconscience. Et tant qu’elles ne sont pas reconnues, elles continuent d’opérer dans l’ombre.
Une société pressée face à des blessures lentes
Le monde dans lequel nous vivons ne nous aide pas à guérir. Il valorise la vitesse, la performance, l’image. Il traite les symptômes, mais rarement les racines. Il propose des pansements quand ce qu’il faudrait, c’est une écoute profonde, une lenteur, un espace.
Or la guérison ne se décrète pas. Elle se cultive. Elle prend du temps. J’en ai fait l’expérience.
Prendre le temps de revenir à la source de nos souffrances, d’honorer nos blessures, c’est déjà faire acte de résistance dans un monde qui pousse à oublier, à survoler, à anesthésier.
L’écriture : une passerelle vers la conscience
Sur ce chemin, l’écriture est un allié précieux.
Écrire, c’est déposer, relier, nommer. C’est faire le pont entre notre passé et notre présent. C’est reprendre la main sur notre récit, là où le trauma nous a dépossédés.
En mettant des mots sur ce qui fut tu, confus, figé, nous réduisons la charge émotionnelle, nous créons du sens, nous réintégrons des morceaux de nous laissés de côté.
L’écriture nous permet de voir les schémas répétitifs, de comprendre nos réactions, d’identifier les croyances qui nous enferment. Elle éclaire les angles morts.
Mais surtout, elle prépare le terrain pour aller plus loin.
Au-delà de la compréhension : le corps comme portail
Beaucoup de personnes entament un chemin thérapeutique, mettent à jour leur histoire, comprennent intellectuellement leurs blessures… mais restent malgré tout enfermées dans une identité traumatique.
Pourquoi ? Parce que la guérison ne peut pas rester au niveau mental. Elle doit descendre dans le corps.
Le trauma ne se résout pas uniquement par l’analyse ou la verbalisation. Il vit dans le système nerveux, dans les muscles, dans la respiration, dans le silence de certaines zones de notre être.
C’est là que des approches comme l’ICV (Intégration du Cycle de la Vie), le Havening, la danse-thérapie (j’ai pratiqué le freedom-dancing pendant plus de 2 ans), le yoga sensible au trauma ou le travail somatique prennent tout leur sens. Elles permettent de reconnecter les parties dissociées, de ramener de la conscience dans le ressenti, d’ancrer l’expérience de sécurité.
Le corps devient alors un portail vers la Présence. Et cette présence ouvre une porte vers notre essence spirituelle.
La dimension spirituelle : retrouver notre vraie nature
Nous ne sommes pas que nos blessures. Nous sommes bien plus que cela. Nous sommes, en profondeur, des êtres d’amour, de paix, de conscience.
Mais cette nature originelle, nous l’avons souvent oubliée. L’égo – cette construction de notre personnalité – s’est formé autour de nos blessures, de nos conditionnements, de nos besoins de survie dans l’enfance. Il nous a donné une structure, une histoire, une place.
C’est un processus nécessaire. Mais à un moment du chemin, il devient possible – et vital – de s’en libérer.
L’un des plus grands traumatismes de l’humanité : la déconnexion avec notre nature divine. Cette nature, on la reconnaît dans les yeux d’un nouveau-né, dans le silence d’une forêt, dans une sensation de plénitude inexplicable. Dans mon livre “Ecoutez-moi !” je raconte comment très tôt un matin, dans un taxi qui traverse la place de la Concorde baignée de lumière dorée, je vis un véritable moment de grâce qui ne dure que quelques instants, en prenant conscience de ce que signifie être pleinement dans l’instant présent.
Le travail spirituel, lorsqu’il est abordé avec sérieux et ancrage, offre une dimension de guérison radicale. Il nous permet de nous relier à plus grand que nous, de sortir de l’identification à notre passé, et de retrouver cette joie d’être, cette paix fondamentale.
Mais attention : ce travail spirituel ne peut pas être un évitement du trauma. Il ne peut pas servir à fuir notre humanité, nos ombres, nos douleurs. Il doit au contraire les inclure, les honorer et les traverser.
Le piège de la dissociation spirituelle
Il est fréquent que des personnes entament un chemin spirituel alors qu’elles portent encore des traumas profonds. Ce faisant, elles peuvent vivre des expériences d’ouverture, mais sans que cela transforme durablement leur vie. Parfois même, cela réactive la dissociation.
C’est pourquoi le travail spirituel ne peut être authentique s’il n’est pas précédé – ou accompagné – d’un travail de libération traumatique.
Une personne encore figée dans ses blessures ne peut pas pleinement ressentir la Présence. Elle ne peut pas incarner la compassion véritable, ni expérimenter une joie profonde. Elle peut en avoir des aperçus, mais elle ne peut y habiter.
La souffrance : une porte vers le sacré
Ce que la vie nous montre, encore et encore, c’est que la souffrance n’est pas une impasse. C’est un portail.
Quand quelqu’un vient en disant : « Je suis perdu. J’ai tout pour être heureux mais je ne le suis pas. Il manque quelque chose », cela révèle un appel. Un appel de l’âme.
C’est dans ces moments-là que le travail profond peut commencer : identifier les racines, ressentir les émotions figées, honorer les parts blessées, et, progressivement, ouvrir l’espace pour que quelque chose de nouveau émerge.
Et ce quelque chose, c’est souvent la reconnexion avec le Soi profond. Avec cette sensation d’unité, d’amour inconditionnel, de paix silencieuse.
✍️ Écrire pour se retrouver… et se transcender
L’écriture est alors une étape précieuse pour accompagner ce passage. Une boussole. Un miroir. Un outil de présence.
Elle permet de dialoguer avec les parts blessées, de relier le vécu corporel à la compréhension, de co-créer avec notre intuition, notre âme.
Écrire pour dire, oui. Mais aussi pour ressentir, pour relier, pour guérir.
Et peu à peu, par l’écriture, on accède à une autre voix : celle du Soi. Celle de cette partie de nous qui sait, qui n’a jamais été blessée, qui nous murmure que nous ne sommes pas seuls, ni cassés, que rien n’est trop tard.
Nous sommes bien plus que nos blessures
Guérir d’un trauma ne signifie pas effacer le passé. Cela signifie changer notre relation à ce passé, retrouver notre pouvoir, reconnecter nos sensations, réhabiter notre vie.
Cela signifie sortir de l’identité traumatique, de cette impression de ne plus être que la somme de ses blessures.
Cela signifie aussi oser rencontrer notre nature spirituelle, cette part de nous inaltérable, joyeuse, calme, aimante.
Il ne s’agit pas d’un chemin facile. Mais il est possible.
Et c’est ce que je souhaite rappeler ici : il y a de l’espérance. Il y a un chemin. Il y a des issues.
En guise de conclusion : un engagement vivant
Ce processus demande de l’engagement. De la patience. Du courage. De l’humilité.
Il demande d’oser dire « je souffre », de s’autoriser à écrire, à pleurer, à trembler. De faire confiance à son corps, à ses ressentis. De chercher du soutien, de rencontrer d’autres voix, d’autres regards.
Mais ce qu’il nous offre en retour est inestimable : une vie plus libre, plus alignée, plus reliée.
Et parfois, un simple mot écrit, un frisson dans le corps, un souffle retrouvé suffit à nous faire dire :
« Je me suis retrouvée. Je me suis souvenue de qui je suis. »
Chaque parole libérée éclaire d’autres vies.
Chaque récit partagé brise un peu plus le silence.
Et chaque pas vers soi nous rapproche d’une humanité plus consciente et reliée.
Si tu sens que c’est le moment pour toi d’écrire ton histoire, de te réapproprier ta voix et ta lumière, je t’accompagne sur ce chemin.