Quand le masque tombe


...Ou comment les blessures peuvent devenir des portes vers la lumière.

 

“Voyager, c’est grandir. C’est la grande aventure. Celle qui laisse des traces dans l’âme.” 

Marc Thiercelin

 

J’aime considérer la vie comme un voyage.

Un voyage qui, loin de commencer à notre premier souffle, débute bien avant notre conception.

Aujourd’hui, la science rejoint l’intuition des sages : Boris Cyrulnik, neuropsychiatre reconnu, rappelle l’importance des fameux « 1000 premiers jours », ces instants décisifs qui façonnent l’être en devenir — et qui commencent même avant la conception.

 

Nous ne naissons jamais seuls

Quand nous arrivons au monde, nous ne venons pas seuls.

Nous portons en nous l’histoire de nos parents, de nos grands-parents, de notre lignée.

Des codes familiaux, des croyances, des loyautés invisibles, des blessures parfois silencieuses, inscrites dans notre inconscient collectif.

Comme si nous étions déposés au cœur d’un grand tissu déjà tissé, dont les fils parfois serrés, parfois fragiles, conditionnent notre propre trame.

La psychogénéalogie, qui suscite aujourd’hui un intérêt croissant, nous aide à relier les points de cette carte intérieure.

Elle nous apprend que nos histoires individuelles s’inscrivent toujours dans une histoire plus vaste.

 

Les premières questions de notre voyage intérieur

Très tôt — souvent bien plus tôt qu’on ne l’imagine — vient un moment où nous ressentons le besoin de nous interroger :

 

Dans quel contexte suis-je arrivé sur terre ?

Ai-je été désiré ? attendu ? accueilli dans la sécurité et l’amour ?

Quelles forces et quelles fragilités habitaient ma famille à ma naissance ?

 

Ces questions, parfois douloureuses, sont essentielles.

Car elles éclairent les racines invisibles qui ont façonné l’enfant que nous avons été.

Un enfant n’est pas une page blanche : il est une graine déposée dans un terreau. Plus le pot est vaste et fertile, plus la graine peut croître librement. Mais lorsque le terreau est appauvri ou le pot trop étroit, la croissance se fait difficile.

 

Le masque de l’égo

Un jour, quelqu’un m’a dit à propos d’une rupture : « Après un certain temps, il a montré son vrai visage. »

Combien de fois entendons-nous cette phrase ?

Comme si nous avions deux visages : l’un bon, l’autre mauvais. Cette vision manichéenne, héritée d’anciennes morales, est à mon sens réductrice. De mon expérience, je crois que notre vrai visage est toujours celui de l’amour et de la bonté. Si nous ne parvenons pas à le montrer, c’est qu’une blessure, visible ou invisible, en fait obstacle. Souvent, ceux qui blessent — ou qui s’auto-sabotent — sont d’abord des êtres blessés. Et c’est là qu’entre en jeu l’égo.  

 

Comprendre l’égo : un allié plutôt qu’un ennemi

On entend parfois dire qu’il faut « tuer l’égo ». Je ne partage pas cette vision. L’égo, loin d’être un ennemi, peut être un guide.

En psychologie, il renvoie à l’estime et à la conscience de soi.

En spiritualité, il peut être perçu comme un voile qui nous sépare de notre être profond.

Mais dans les deux cas, il a une fonction : il nous permet de nous différencier, de nous construire, de prendre conscience de qui nous sommes.

Jean-Claude Dumont écrit dans Le petit livre de la méditation : « L’égo est comme un logiciel installé dans notre ordinateur intérieur. Il faut apprendre à ce que ce logiciel ne commande pas tout le système, car ce n’est pas sa fonction. »

L’enjeu n’est donc pas de supprimer l’égo, mais d’apprendre à dialoguer avec lui, à l’apprivoiser, à reconnaître ses blessures pour mieux les transformer.

 

Quand le corps se fait messager

Mon enquête personnelle a commencé le jour où j’ai accepté d’écouter mon corps. Il me parlait depuis longtemps à travers des émotions récurrentes : colère, tristesse, culpabilité, sentiment de vide intérieur.

En cherchant, j’ai découvert que ma mère avait vécu une grossesse difficile, marquée par un drame : l’accident grave de mon frère aîné. Le stress immense qu’elle a alors ressenti s’est imprimé en moi.

Boris Cyrulnik l’explique clairement : « Lorsque la mère est stressée, le bébé absorbe, via le liquide amniotique, les hormones du stress. Le bébé porte donc déjà le poids de l’histoire de sa mère. »

Comprendre cela a été un choc, mais aussi une libération. Car mettre du sens sur son vécu, et commencer à comprendre, c’est déjà guérir un peu.

 

Chaque blessure peut devenir lumière

Le travail sur mon égo, sur mes peurs, s’est mêlé à la compréhension des mécanismes du traumatisme. J’ai alors compris que mes fissures n’étaient pas des failles définitives, mais des portes vers plus de conscience.

Leonard Cohen dont je suis une grande fan, chantait :

« Il y a une fissure dans chaque chose, c’est par là qu’entre la lumière. »

Et si, au fond, la lumière avait toujours été là ? Et si nos blessures et nos traumas n’étaient au fond que des voiles à lever ?

 

Du chaos naît une étoile

Charlie Chaplin disait : « Du chaos naît une étoile. »

Nos épreuves, même les plus douloureuses, peuvent devenir le terreau de nos plus belles résiliences.

Elles ne nous définissent pas.

Elles nous ouvrent à une compréhension plus vaste : celle que nous sommes, au-delà de nos blessures, des êtres reliés, profondément spirituels, porteurs d’une lumière unique.

Alors, plutôt que de chercher à tuer l’égo, apprenons à l’aimer, à reconnaître qu’il n’est qu’un masque provisoire.

Car derrière lui, il y a toujours un visage d’amour, prêt à s’offrir au monde.

 

Sylvie

 

Photos personnelle prises à Chaplin’s World à Vevey en Suisse (juillet 2022)

 

Si cet article résonne pour vous, prenez un moment aujourd’hui pour écouter ce que votre corps vous raconte, ou pour écrire les premières lignes de votre propre histoire. Car chaque mot posé est une graine de guérison.

 

Et si vous voulez participer au prochain atelier d'écriture qui se déroulera le samedi 30 août 2025, inscrivez-vous en cliquant sur le lien ci-dessous.  


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