Pourquoi écrire pour apprendre à s'aimer ?


L’illusion de se connaître

 

Beaucoup affirment « je me connais bien », persuadés d’avoir percé les mystères de leur propre personnalité. Mais si l’on gratte un peu sous la surface, on découvre souvent un décor fragile.

Depuis l’enfance, nous avons appris à jouer un rôle pour être aimés, tolérés, reconnus. Pour certains, il a fallu être sages, obéissants. Pour d’autres, drôles, bruyants, performants pour capter un peu d’attention et d’affection.

Ainsi, nous avons bâti très tôt un faux-self, une personnalité ajustée aux attentes, parfois pour survivre dans des environnements familiaux ou scolaires exigeants. En grandissant, nous avons oublié qu’il s’agissait d’un masque. Nous avons fini par croire qu’il était notre véritable visage.

À l’âge adulte, ce mécanisme persiste. Dans nos couples, nous cherchons souvent à montrer notre « meilleur profil », même si cela signifie taire des pans entiers de nous. Sur les réseaux sociaux, nous n’exposons que des moments choisis, retouchés, nettoyés de toute aspérité.

 

Pourant Carl Gustav Jung l’affime « Ce que nous évitons de reconnaître en nous-mêmes, nous le rencontrons plus tard sous la forme du destin ».

 

Écrire, c’est explorer son monde intérieur

C’est là que l’écriture devient un outil inestimable. Tenir un journal, raconter ses ressentis, écrire son histoire : ces gestes simples constituent un puissant moyen de partir à la rencontre de soi.

L’écriture nous oblige à ralentir, à formuler avec précision ce que nous vivons. Elle agit comme un miroir fidèle, sans pitié mais sans moquerie. Parfois, ce qui jaillit sous la plume nous prend par surprise. Nous découvrons des contradictions, des désirs restés dans l’ombre, des blessures que nous pensions refermées.

Écrire, c’est aussi oser dire ce qui a été tu trop longtemps. Mettre des mots sur la honte, la peur, la colère. Tant que ces émotions restent tapies dans les coins sombres, elles continuent à nous gouverner. En les nommant, on commence à les apprivoiser.

Et puis, l’écriture révèle nos joies profondes, nos élans vitaux, nos désirs sincères. Elle nous éclaire sur ce qui nous nourrit vraiment. C’est comme si elle pointait un doigt lumineux sur ce qui nous rend vivants.

Qu’est-ce que vous découvririez si vous osiez tout écrire, sans censure ni fard ?

 

Écrire, c’est se repositionner

Écrire, ce n’est pas uniquement regarder en arrière. C’est aussi un pas vers l’avant. Quand on s’habitue à écrire régulièrement, on devient plus lucide. On voit où l’on a dit « oui » alors qu’on pensait « non », où l’on a choisi de se conformer pour éviter un conflit.

Cette prise de conscience mène naturellement à des repositionnements. Cela peut signifier poser ses limites, dire « non » à des relations ou à des schémas qui ne nous conviennent plus. Parfois, c’est s’écarter des injonctions familiales ou sociales pour choisir enfin selon son propre cœur.

C’est rarement confortable au début. Dire ses premiers vrais « non » peut provoquer du malaise, des remous. Mais c’est aussi incroyablement libérateur. Choisir, c’est redevenir acteur de sa vie. C’est se rapprocher de soi-même et s’éloigner de ce qui ne nous nourrit plus.

 

« Peut-être n’y a-t-il pas de plus grand plaisir que de se découvrir capable d’être soi-même, enfin. »

Et vous, dans quels domaines de votre vie sentez-vous que vous vous adaptez trop, que vous jouez encore un rôle pour être aimé ?

 

L’amour de soi naît de cette rencontre intime

Contrairement à ce que l’on croit, s’aimer n’est pas se contempler dans le miroir en se déclarant parfait. S’aimer, c’est accueillir tout ce que l’on est, ses forces comme ses fragilités, ses zones d’ombre sans s’effondrer.

Sur la photo qui accompagne cet article, prise avec Valérie Darmon dans les studios d’Europe 1 à Paris, mon visage trahit une profonde fatigue. Jusqu’à la veille de l’interview, j’hésitais à maintenir ce rendez-vous : un décès brutal venait de frapper notre famille. Finalement, j’ai choisi d’y aller malgré tout. Parce qu’en écrivant, j’ai pris un engagement envers moi-même et envers celles et ceux qui me lisent. Et que, même vacillante, continuer à avancer est une manière d’honorer la femme que je suis devenue.

L’écriture est cette alliée discrète qui marche à nos côtés, pas après pas.
Elle accueille tout : nos contradictions, nos faux pas, nos élans avortés, nos instants de honte et de doute. Et, en leur offrant un espace sur la page, elle nous apprend à apprivoiser la critique. Elle peut encore nous effleurer, bien sûr, mais elle ne nous arrache plus rien d’essentiel.

Car plus nous écrivons, plus nous nous découvrons. Nous apprenons à reconnaître ce qui résonne juste pour nous. À ne plus nous définir uniquement à travers les yeux des autres. À avancer, à nous transformer, tout en restant fidèles à notre socle intérieur.

Cet amour de soi n’est ni aveugle ni indulgent à l’excès. Il est lucide, tendre et exigeant. Il nous donne la liberté de dire : « Ici, j’ai trahi mes valeurs, mais je peux recommencer autrement. » Il nous offre la fierté d’honorer nos progrès sans effacer nos erreurs, comme on caresse une cicatrice qui rappelle autant la blessure que la guérison.

 

Mon regard de thérapeute et coach formée au trauma

Depuis plus de dix ans, j’accompagne des hommes et des femmes sur ce chemin. En tant que coach et thérapeute formée au trauma, je sais combien il peut être intimidant d’aller regarder ses zones d’ombre.

C’est pourquoi j’aime dire que nous faisons ensemble une traversée des zones de turbulence, en toute sécurité. Mon rôle est d’éclairer avec douceur et rigueur ces parts souvent tues ou rejetées, pour permettre à chacun(e) de ressortir libéré.e et grandi.e de son histoire.

Écrire seul.e peut déjà être transformateur. Être guidé.e pour aller là où l’on n’ose pas toujours aller seul.e, c’est ouvrir la porte à des libérations encore plus profondes.

 

Un appel à votre histoire

Alors, pourquoi écrire pour apprendre à s’aimer ? Parce que c’est en se racontant qu’on se rencontre. Et que de cette rencontre naît un amour de soi profond, le seul capable de nous ancrer dans la vie tout en nous ouvrant pleinement à l’autre.

 

« La seule façon de faire un pas en avant, c’est d’oser regarder en soi. »

 

Vous pouvez choisir d’écrire pour vous, pour explorer votre monde intérieur et en ressortir plus aligné, plus libre.
Ou vous pouvez choisir d’aller plus loin, en transformant votre histoire en un témoignage à partager, pour inspirer, soutenir, réveiller les consciences.

 

Quoi qu’il en soit, le premier pas commence souvent par un simple carnet… et l’élan d’oser se rencontrer pour de vrai.

 

A très vite,

Sylvie

 

Photo avec Valérie Darmon dans les studios d’Europe1 à Paris, 13 novembre 2024


Lire les commentaires (0)

Articles similaires


Soyez le premier à réagir

Ne sera pas publié

Envoyé !

Derniers articles

Quitter la "Victimattitude" ou l'art d'être enfin soi

18 Août 2025

Lundi matin.
Je sors de ma séance d’oséto.
Avec elle, pas besoin de masque. Elle a lu mon livre. Elle connaît mes failles et mes forces.
Avant même de poser...

Quand le masque tombe

17 Août 2025

...Ou comment les blessures peuvent devenir des portes vers la lumière.
 
“Voyager, c’est grandir. C’est la grande aventure. Celle qui laisse des traces dan...

Quand les mots deviennent une médecine de l'esprit

13 Août 2025

Il y a des gestes simples qui changent une vie.
Marcher.
Respirer en conscience.
Prendre un moment pour ne rien faire.
Et écrire.
 
Depuis les années 1980, ...

Catégories